Comment réussir sa garde alternée ?
Que la garde alternée ait été imposée par un juge ou choisie en commun par les parents, elle
implique une certaine organisation et une grande communication. Mais pour cela, les parents se sentent souvent bien seuls. Leur jugement de séparation ou de divorce n’indique pour la plupart du temps que de brèves modalités, comme les jours durant lesquels les enfants sont chez l’un ou chez l’autre. Or, la garde alternée est bien plus complexe qu’une simple répartition des jours de la semaine et des vacances.
Les parents, encore groggys de leur séparation, doivent trouver le moyen de collaborer à nouveau. Et ils ne peuvent pas saisir le juge à chaque fois que la garde dysfonctionne, celui-ci n’y donnerait pas suite. Or, s’ils sont séparés c’est souvent que la communication ne fonctionnait déjà pas bien avant.
Alors comment faire pour que cette garde alternée se passe au mieux ?
Voici trois conseils importants basés sur ma pratique de médiatrice et d’avocate collaborative pour vous aider.
1. Le diable se cache dans les détails
Lorsque la relation entre les ex-époux ou concubins est bonne, il n’est pas forcément utile de
discuter de tous les détails. Leur fonctionnement passé, s’il est sain, est généralement répliqué et la confiance est de mise. En revanche, je préconise toujours, pour chaque situation, de préciser, notamment, le fonctionnement des phases de transition. Est-ce qu’on emmène les enfants chez l’autre ou c’est l’autre qui vient les chercher ? Est-ce qu’on fait cela à chaque fois ? A quelle heure ?
Le nombre de conflit qu’il y a sur les horaires et le non-respect de ceux-ci est inimaginable. Lorsque l’un des parents est en retard, l’autre se sent utilisé, comme si son temps ne comptait pas. Ceci n’est qu’un exemple des détails d’importance qui doivent être réglés en commun pour favoriser au maximum une bonne relation entre les parents.
2. Communication, communication, communication
La garde alternée implique une communication accrue (voir mon article sur les avantages et les inconvénients de la garde alternée). Vos enfants vont passer du temps avec l’autre sans vous. Ils vont donc vivre des expériences, découvrir d’autres facettes de la vie, peut-être se blesser, tomber malades, perdre une dent de lait, recevoir une invitation à un anniversaire, être informés par l’école du prochain camp, etc. Or, lorsque vous étiez des parents sous le même toit, les informations relatives à vos enfants pouvaient être échangées en fin de journée, ou durant le week-end, ou encore accrochées sur le frigo. Mais là ce n’est plus pareil. Vous ne vivez plus ensemble avec votre ex. Vous devez donc vous parler ou échanger et régulièrement ! Sans cela :
1. Vous allez vous sentir exlcu de la vie de vos enfants
2. Vous allez manquer des rendez-vous importants pour vos enfants
3. Vous allez vous disputer sur qui aurait dû faire quoi
4. Vous allez mal interpréter la parole de l’autre
5. Vous allez vous sentir non considéré par l’autre
6. Aucune relation de confiance ne pourra se construire
7. Vos enfants vont en souffrir car les disputes vont continuer
8. Je continue ?
A l’issue de la procédure de séparation ou de divorce, certains parents souhaiteraient ne plus jamais parler à l’autre. D’autres ont le sentiment que leur ex cherche à gérer leur vie et la manière dont ils s’occupent de leurs enfants quand ils en ont la garde. Cela rend la communication très chaotique et parfois unilatérale, ce qui créé la majorité des problèmes dans une garde alternée.
Tous vos sentiments vis-à-vis de l’autre sont légitimes. Il va toutefois falloir travailler avec ces
sentiments et avec l’acceptation que vous êtes les deux… les parents de vos enfants. La parole de l’autre, ce qu’il vit et ce qu’il pense sont donc aussi importants que ce qu’il en est pour vous. Le mode de communication, les moments de cette communication, les informations échangées, etc. doivent être à mon sens absolument clarifiés entre les parents pour limiter les conflits et faire en sorte que les enfants soient pris en charge correctement. Je fais ce travail avec vous durant les séances de médiation ou de processus collaboratif afin que vous puissiez repartir avec des règles qui fonctionnent et qui sont respectées des deux côtés.
3. Ne pas vouloir à tout prix passer des moments avec les deux parents réunis
Parfois, la douleur de la séparation entre les parents est trop profonde et trop récente. D’autres fois, ce qui a été dit durant la procédure judiciaire ou durant les disputes préalables a laissé des marques non digérées. Ou encore, les causes de la rupture ont pu provoquer du ressentiment vis-à-vis de l’autre. Bref, on se trouve dans une situation où l’un ou les deux sont dans l’impossibilité de se trouver dans la même pièce que l’autre. Ce n’est pas grave. C’est l’état du moment. Il faut accepter que c’est une phase qui peut durer plus ou moins longtemps.
Dans ces cas-là, je préconise de ne pas imposer que les fêtes d’anniversaire ou religieuses se passent en famille, en présence des deux parents. Je recommande plutôt un temps d’adaptation où ces moments sont effectués, dans un premier temps, sans la présence de l’autre, ce qui permet de faire son deuil à son rythme. Avec le temps, voir l’autre devient plus tolérable.
Certain parent se disent qu’ils privent leurs enfants de l’autre parent durant ces moments particuliers et se sentent coupables. Ce sont des parents très attentifs au bien être de leur enfants. Mais c’est également des parents qui se mettent une énorme pression et qui se rajoutent le poids de la culpabilité. Vous ne serez pas de mauvais parents si vous passez ces moments seuls avec vos enfants. Vos enfants ressentent la tension qu’il y a entre vous et votre ex. Cette tension abîme ces moments précieux. Et comme ce sont des moments particuliers dans leur vie, vos enfants se rappelleront que lors de leur dernier anniversaire, papa et maman ne s’adressaient même pas la parole. Il vaut parfois faire avec moins mais mieux. Fêtez ces étapes de la vie en douceur en y mettant le plus d’harmonie possible, vos enfants vous en remercieront car ils pourront garder un bon souvenir de celles-ci.
Vous aurez le temps et l’énergie nécessaire pour revoir cette modalité dans quelques temps. Cela vaut pour tous les autres moments où vous vous imposerez de faire des choses en famille alors que vous ou l’autre n’êtes pas encore prêts pour le faire.
N’hésitez pas à me contacter pour prendre en rendez-vous et que nous puissions discuter ensemble de votre situation, que cela soit avant votre divorce ou votre séparation ou après avoir reçu votre jugement, si vous constatez que la garde alternée est difficile ou problématique.
******